Des élèves d'arts plastiques entraînent le LP²I sur les pas d'un géant, Joseph Beuys, l'homme aux « 7000 chênes » (1)
Ils proposent les vingt bougies de l'anniversaire du lycée et de toute la technopole, vingt chênes et vingt colonnes de basalte pour les vingt vagues successives d'élèves (2) sur vingt années à marquer, non d'une pierre blanche, mais d'une de ces colonnes dont est pavée la « chaussée des géants ». Les élèves d'arts plastiques chaussent les bottes de Joseph Beuys et prolongent à leur tour les 7000 chênes comme d'autres l'ont fait avant eux, à New-York et dans quelques autres endroits du monde. En semant ces chênes et ces pierres, ils élargissent encore cette sculpture à l'échelle planétaire, ils ajoutent Jaunay Clan à cette trame, font figurer le Lycée Pilote Innovant International sur cette carte.

Reprendre le flambeau de Beuys est une initiative de deux élèvesAurèle et Colin (vite rejoints par leurs camarades d'arts plastiques), en réponse aux questions du programme de première, portant sur l'oeuvre et le lieu.

répétons après eux : twenty trees, twenty trees, twenty trees, twenty, trees...

"and then they were three"...


Nous partîmes à deux, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant à la carrière.

et un coup de chapeau à l'homme au chapeau, au royaume des ombres...
(3)
L'homme au chapeau, c'est Joseph Beuys, l'artiste allemand qui, en 1982 à Kassel, au cours de Documenta 7, lance les "7000 chênes", qu'il caractérise comme étant une "sculpture sociale", où 7000 colonnes de basalte sont plantées appariées à des chênes. L'oeuvre mettra 5 ans à être achevée, le dernier des 7000 chênes étant planté avec sa colonne par le propre fils de Beuys au premier anniversaire de son décès. Beuys, artiste charismatique mettait l'art et la vie en étroite relation, jusqu'à être candidat écologiste à des élections. L'oeuvre "7000 chênes" est la partie visible et symbolique d'un projet de nécessaire reboisement planétaire.
Sculpture sociale parce que les amateurs pouvaient "adopter" une colonne et un chêne, charge à eux de trouver un lieu et de les planter. Les 7000 paires furent donc plantées par une quantité de gens anonymes qui rejoignaient ainsi Beuys en tant qu'artistes, co-auteurs de l'oeuvre. Beuys fut un des artistes du courant FLUXUS...
Le programme d'Arts Plastiques de première porte donc sur l'oeuvre et le lieu, et "7000 chênes" est un lieu intéressant, une oeuvre-lieu tentaculaire, évolutive pendant toute la durée de sa réalisation. Quelques institutions ont prolongé les 7000 chênes ou lui ont rendu hommage en plantant une colonne et un chêne :
- à New-York, vingt trois colonnes plantées en deux fois ; cinq en 1988 (Chelsea area) puis dix huit en 1996, dans la 22ème rue, entre la 10ème et la 11ème avenue,
- à Minneapolis (Minnesota), une colonne et un cotonnier sont plantés en 1997 par un groupe d'étudiants du St Paul Central High School (en parallèle à la plantation par le Walker Art Center de 1031 arbres -environ un par habitant- à Cass Lake, au nord de l'état)

- à Oslo, une implantation au KHIO (Oslo National Académie of Art)

- en Australie, à l'occasion de la cinquième biennale de Sydney

on y fait référence aussi au Jocelyn Art Museum d'Omaha (Nebraska), au Teed Museum de Duluth (Minnesota encore) et au Benedicta Arts Center (Minnesota toujours !), mais on ne trouve pas davantage d'informations...

Les élèves d'arts plastiques ont donc souhaité prolonger la pensée de Beuys en plantant une colonne et un chêne, mais les circonstances particulières du vingtième anniversaire du lycée, du parc du Futuroscope et de toute la technopole ont fait croître le projet jusqu'à 20 colonnes et 20 chênes.
Il fallait demander aux dirigeants de Documenta ce qu'ils en pensaient, ce fut fait par mail, grâce à la traduction de Moris (élève plasticien-germaniste) (pièce jointe). La réponse était encourageante, et suggérait d'en parler à Madame Eva Beuys, veuve de Joseph ; ce fut fait par lettre, encore merci Moris (pièce jointe bientôt). Toutefois, le professeur se permit d'y joindre son mot, merci à Carmen Diaz et Karsten Schinkel pour les deux traductions (pièces jointes). La réponse de Madame Beuys fut un feu vert, vert comme le projet de son artiste de mari et comme la feuille d'olivier qui accompagnait sa lettre (pièce jointe).
La première épreuve consistait à trouver les colonnes de basalte, car presque toutes les carrières  l'exploitent au "tir de mine" pour en faire du granulat, autrement dit des gravillons servant au revêtement des routes...
Sur les soixante et quelques carrières contactées, celle de M. Persiani, à Bort les Orgues, est la seule qui offrait des blocs de bonne taille, l'extraction se faisant à la pelleteuse. Les colonnes ne sont pas de ces parfaits hexagones comme ceux qui constituent les murs de soutennement des "ouvrages d'art" de la région (ci-dessous) mais après tout,

les colonnes de Beuys à Documenta n'en étaient pas non plus... (voir ici). Mais les colonnes de M. Persiani sont tout de même de belles pièces et les trois acolytes les trouvèrent tout à fait dignes du projet.
Restait l'épineux problème du dessin d'implantation... Le réflexe "stonhenge" (ou cromlech en général) portait vers le cercle, mais sans être particulièrement matheux, on constate vite que la division du cercle passe plus volontiers par 24 (méridiens) que par 20, chiffre assez difficile à justifier... de nombreux dessins plus tard, l'idée de la rose des vents pointant 16 directions, les quatre points cardinaux étant redoublés, s'imposait à tout le monde. Comme pour confirmer aux plus réticents, pour qui la rose des vents était une figure un peu trop convenue, traditionnelle, qu'elle était tout de même "le bon choix", il revint sur le tapis (et en mémoire) que tout le site est construit sur un emplacement dit "les quatre vents" !!!
C'est un signe, le hasard validant est dans le coup, et cette "rose des vents" est donc adoptée comme la forme que devait fatalement prendre cette installation. L'idée d'une ligne droite suivant l'axe du lycée jusque sur les terres du parc du Futuroscope était séduisante, mais la vue aérienne (merci l'IGN et les pages jaunes) montre qu'on se heurtait au réseau routier du parc...
Les curieux groupes d'arbres déjà en place empêchant d'installer la rose des vents à cheval sur la séparation entre le lycée et le parc (sauf à en abattre autant qu'on désire en planter) le tracé est "remonté" vers le lycée pour être toujours bien  visible depuis la gyrotour. Madame Beuys dans sa gentille réponse nous signalait que les arbres ne devaient pas obligatoirement être des chênes, on envisage alors 16 arbres fruitiers et 4 chênes tout de même (pour conserver la symbolique) sur les points cardinaux. Le cercle de la rose des vents se trouve inscrit dans le carré défini par les pierres Nord, Sud, Est et Ouest, l'abstraction géométrique y trouve son compte, le prof d'arts plastiques aussi.
Si vous avez des suggestions pour les essences d'arbres, n'hésitez pas à vous approprier ce projet qui, nous le rappelons, s'inscrit dans ce que Beuys appelait la "scuplture sociale"...
Le projet de l'année prochaine pourait être d'occuper l'intérieur du cercle d'un dessin à déterminer (voir plus bas)
Armés d'une ficelle, de piquets arborant des petits bouts de chiffon blanc  et de trois chaînes d'arpenteurs, les 1èreL "arpé" sont allés sur le terrain pour donner réalité à cette fameuse rose des vents.
Une pensée émue pour nos collègues profs de maths en voyant les littéraires découvrir les vertus de la géométrie. Comment diviser un cercle de trente mètres de diamètre en 16 arcs égaux avec une boussole et de la ficelle ?
Bon, il faut reconnaître que ça ne tombe pas tout à fait juste, et certains arcs sont plus égaux que d'autres... mais c'est la faute de la boussole. Et c'est moins facile dans l'herbe que sur du papier quadrillé, mais l'idée générale est passée, ils savent à présent l'utilité d'une bissectrice !
Les voir manipuler une chaîne d'arpenteur était aussi une satisfaction... et pour eux une rude leçon d'esprit pratique.
Et voici le "plus bas" dont il était question un peu "plus haut"... Pour que la rose des vents soit tout-à-fait une rose des vents, il faudra envisager l'occupation de son espace intérieur.
Quel dessin y inscrire ? 
Comment ? Avec quels matériaux le réaliser ?
Voici quelques problèmes de land-art à résoudre pour les premières de l'année prochaine.

à vos crayons...
Dernière minute ! Elles sont arrivées !!!

Nos voisins de chez Fenwick ont prèté un chariot élévateur pour les descendre du camion de M. Stoll...
Pour la petire histoire, le nom d'Obélix a bien du être prononcé 15 fois pendant le déchargement...

il n'y a plus qu'à faire comme sur la maquette...

vivement la suite.


(1) À la Documenta 7 de Kassel en 1982, Joseph Beuys initie sa gigantesque « sculpture sociale » appelée 7000 chênes, qui se réalise sur cinq années. 7000 colonnes de basalte sont plantées en binôme avec 7000 chênes, depuis le coeur de la manifestation artistique Documenta, se propageant en Allemagne comme une bonne nouvelle ou comme le message symbolique d'une chaîne humaine intemporelle. Le végétal et le minéral associés joignent leur verticale, ces menhirs et ces arbres se sont implantés au gré des amateurs qui leur ont trouvé un lieu, qui les ont adoptés et donné ainsi à l'oeuvre de Beuys sa réalité physique la plus vaste. On en trouve au bord des routes, dans des parcs, dans des rues...
(2) Et les vingt vagues de visiteurs du parc...
(3) ce portrait de Beuys est un traficotage éhonté multi-filtré à partir du dessin de Jean Olivier Hucleux, artiste hyperréaliste français, dessin réalisé d'après la célèbre photo de Alice Spring et qui lui valut un procès à l'issue duquel le jugement rendu exige qu'on précise que c'est un dessin de Hucleux représentant la photo de Beuys par Alice Spring et non simplement un portrait de Beuys par Hucleux.