Dans le cadre d’une étude sur la poésie, la classe de 1ère A s’est intéressée à la poésie du quotidien. Chaque élève a choisi un objet banal de sa trousse et lui a écrit une ode !
Pour cela, ils ont utilisé la contrainte inventée par Jacques Jouet, poète de l’OuLiPo, contrainte dite du "poème portrait"
Vous pouvez lire ici leur production :
Je vois déjà qu’il y a quelque chose entre toi et moi
Je sais que tu es allemand
Je remarque ton esthétique
Je souligne ta légèreté
J’ignore qui est la dernière personne qui t’a touché
Je pense à ta couleur bleu-vert
Je suis sûre de ne pas te perdre
Je me demande quel est ton nom
Je parie sur Stabilo
Je refuse que tu ne sois qu’un feutre
Je vois déjà qu’il y a quelque chose entre toi et moi
Mathilde
Je vois un scotch
Je sais qu’il peut coller
Je remarque qu’il est rond
Je souligne qu’il est solide
J’ignore qui l’a touché en premier
Je pense qu’il possède de nombreuses fonctions
Je suis sûr qu’il n’a pas été fabriqué en France
Je me demande si on n’a pas tué des bébés phoques pour faire cet objet
Je parie que trente pour cent de cet objet ne sert pas à scotcher quelque chose
Je refuse de refaire un pont avec
Je vois un scotch
Sylvain
Je remarque que tu es devenue vieille et sale,
Je sais que je t’ai oubliée et délaissée.
Je remarque ton prix incohérent, il est vraiment misérable.
Je souligne tout de même que tu es abandonnée.
J’ignore cependant ta provenance, je pense que je t’ai achetée dans ce restaurant ou dans un magasin, non !
Je suis sûre que je t’ai trouvée dans la rue.
Je me demande bien si tu es artisanale...
Je parie qu’il n’y a plus rien dans ma boite d’allumettes, mais je refuse qu’on la jette.
Je vois que tu es devenue vieille et sale.
Louise M.
Je vois une forme allongée aux extrémités arrondies
Je sais pourquoi elle m’accompagne
Je remarque qu’elle brille
Je souligne ses formes de mon regard
J’ignore si elle a froid mais
Je pense qu’elle est paisible
Je suis sûre qu’elle me servira toujours et
Je me demande où une cuillère peut finir ses jours
Je parie qu’elle dort, là maintenant
Je refuse de m’en débarrasser
Je vois une forme allongée aux extrémités arrondies.
Lucie
Je vois un stylo avec quatre couleurs.
Je sais qu’il est blanc et bleu avec un trait de séparation noir entre les
deux.
Je remarque pour la première fois que le bleu est aussi une des quatre
couleurs.
Je souligne que j’aurais dû m’en soucier avant. De toutes façons,
J’ignore... Quoi ? Tout et rien... Sa matière ? Ses origines ? Mais en même temps,
Je suis sûr qu’il n’en sait rien non plus !
Je me demande bien si au moins il peut savoir quelque chose...
Je parie que non ! C’est un objet et un objet ne sait et ne saura jamais
rien !
Je refuse de penser le contraire. Au fond...
Je vois un stylo avec quatre couleurs.
Quentin
Je vois un objet rectangulaire bleu et blanc,
Je sais que sa fonction est d’effacer,
Je remarque que c’est une gomme,
Je souligne qu’elle s’use lors de son utilisation,
J’ignore le lieu de sa fabrication,
Je pense qu’elle a été fabriquée en France et
Je suis sûr de l’avoir achetée à Auchan.
Je me demande quand elle sera inutilisable,
Je parie que je l’aurais encore l’année prochaine,
Je refuse d’en acheter une autre tant qu’elle sera dans ma trousse,
Je vois un objet rectangulaire bleu et blanc.
Mathias.
Je vois une forme informe
Je sais qu’elle fait erreur
je remarque qu’elle m’informe
Je souligne sa curieuse couleur
J’ignore sa laideur
Je pense à son histoire
Je refuse ensuite son rouge et noir
Je vois une forme informe
Je sais qu’elle fait erreur
Je remarque qu’elle m’informe
Je souligne sa curieuse couleur
Maxime
Je vois un bâtonnet de colle.
Je sais qu’il ne faut pas ingérer cette colle et qu’elle ne convient pas aux enfants de moins de 36 mois.
Je remarque les lignes droites et sèches de cette colle.
Je souligne la couleur vert pomme de cette colle.
J’ignore pourquoi elle est dans ma trousse, alors que je n’ai jamais de colle habituellement.
Je pense, alors, que cette colle manque à quelqu’un.
Je suis sûre que cette colle pesait dix grammes lors de son arrivée dans ma trousse.
Je me demande combien de grammes a perdu cette colle depuis qu’elle est dans ma trousse.
Je parie que cette colle finira dans une poubelle.
Je refuse, ou plutôt ma trousse refuse de laisser rentrer cette colle lorsqu’il n’y a plus de place pour elle.
Je vois un bâtonnet de colle.
Louise C.
Je vois ce petit être plutôt grand et gris au fond de ma trousse vieillie.
Je sais qu’il a des poils plutôt doux au bout.
Je remarque que c’est un pinceau.
Je souligne qu’il y a des marques sur le manche.
J’ignore pourquoi.
Je pense qu’il a rencontré malencontreusement quelque chose de plus fort que lui.
Je suis sûre qu’il s’en est pas mal sorti.
Je me demande pourquoi ses poils sont abîmés ?
Je parie qu’il a été utilisé.
Je refuse d’entendre encore plus ses cris.
Je vois ce petit être plutôt grand et gris au fond de ma trousse vieillie.
Kelly
Je vois ce briquet, toujours dans mes poches.
Je sais qu’il doit s’y ennuyer
Je remarque qu’il est toujours proche
Je souligne son élégance comme sa solidité
J’ignore ce que l’avenir lui réserve
Je suis sûr d’une chose : qu’il brillera encore.
Je me demande à quoi il sert.
Je parie que je l’égarerai ;
Je refuse cependant de l’admettre.
Je vois en lui bien plus que ce qu’il est.
Arthur
Je vois sa courbe rouge et son intérieur rond
Je sais le faire glisser entre mes doigts
Je remarque que ses reflets sont une réflexion
Je souligne ce bouchon au bout de mon bras
J’ignore ses sifflements de raideur
Je pense à ces jours de correction car
Je suis sûre que le rouge est sa couleur
Je me demande le jour où il est tombé à terre
Je parie que je ne l’aurais pas ramassé
Je refuse une fois encore de l’oublier
Je vois sa courbe rouge et son intérieur rond
Raphaëlle
Je vois un crayon dans ma trousse, se reposant.
Son existence même se résume à attendre,
A servir,
Une servitude jusqu’à la mort, jusqu’à la perte,
C’est tellement grisant !
Je sais son utilité.
Je remarque des traces de dents un peu partout sur sa surface lisse et
brillante.
Je souligne justement sa couleur :
Un rouge flamboyant.
C’est la couleur du cœur, de la douleur, de la passion.
J’ignore sa provenance,
Sans doute Made in China !
Je pense et j’écris avec lui.
Il m’accompagne dans mes Doutes- et se laisse aller au rythme torrentiel de l’inspiration.
Je suis sûre, ou plutôt je me demande si un jour je le perdrai.
Je parie que oui !
Je refuse de le perdre car je n’en ai pas d’autre.
Je vois un crayon dans ma trousse, se reposant
Son existence même se résume à l’attente,
A servir,
Une servitude jusqu’à la mort, jusqu’à la perte.
C’est tellement grisant !
Chloé
Je vois cette jolie petit gomme
Je sais qu’elle ignore sans doute comment je me nomme
Je remarque qu’elle est très usée, mais,
Je souligne que je ne peux pas m’en débarrasser
J’ignore si sa vie lui plait
Je pense qu’elle souffre à l’endroit de sa plaie
Je suis sûre qu’elle tiendra jusqu’à la fin
Je me demande si elle me trouve bon gardien
Je parie qu’elle a des chagrins
Je refuse de la marier à un Homme
Je vois cette jolie petite gomme
Lou
Je vois ce stylo usé mais encore parfaitement fonctionnel
Je sais que j’écris avec en ce moment
Je remarque une bande régulière et intacte sur le motif usé et méconnaissable
Je souligne son efficacité et sa solidité
J’ignore précisément depuis combien de temps il est en ma possession
Je pense qu’il me suivra encore un moment
Je suis sûr qu’un jour j’en changerai
Je me demande quand
Je parie que son bouchon fissuré et teinté de bleu par l’encre cassera un jour
Je refuse de le briser volontairement
Je vois ce stylo usé mais encore parfaitement fonctionnel
Lucas
Je vois ses couleurs argentées
Je sais quelle est son utilité, son importance dans un système
Je remarque ses petits défauts, insignifiants pour un fusible
Je souligne la régularité cylindrique de son corps
J’ignore s’il remplira sa fonction un jour
Je pense à son arrivée dans ma trousse, en cours de SI
Je suis sûr qu’il m’est inutile
Je me demande où il aurait pu être si je ne l’avais pas gardé
Je parie qu’il n’a pas de conscience
Je refuse de le jeter
Je vois ses couleurs argentées
Théo
Je vois les bandes-dessinées, violentes qui l’emprisonnent.
Je sais qu’elle peut s’échapper avec mon aide.
Je remarque que finalement je ne l’aide jamais.
Je le souligne : suis-je peut être dans ce cas là un ingrat ?
J’ignore si c’est le cas.
Je pense qu’elle m’en veut.
Je suis sûr qu’elle m’en veut...
Je me demande si elle ne se sentirait pas finalement bien mieux autour de cette violence.
Je parie que ... non ... je ne parie rien.
Je refuse de parier.
Je vois les bandes-dessinées, violentes qui l’emprisonnent.
Corentin
Je vois cette gomme qui est dans ma possession depuis début septembre
Je sais que tu en as marre que je te touche
Je remarque qu’à chaque fois que je t’utilise tu perds un peu de ton intimité.
Je souligne aussi ton odeur de pâte à modeler
J’ignore encore ta vrai utilité
Je pense que tu sers à m’amuser, mais
Je suis sûr que d’une chose : de ta beauté.
Je me demande pourquoi je t’ai choisie parmi tant d’autres au magasin
Je parie que c’était à cause de ta forme, ce demi-cercle incassable qui m’importe tant.
Je refuse de te céder à qui que ce soit
Je vois cette gomme qui est dans ma possession depuis début septembre.
Michael
Je vois un crayon de couleur bleu foncé
Je sais que ce crayon est "Made in France"
Je remarque que ce crayon est mal taillé
Je souligne que ce crayon n’est pas encore rance
J’ignore si ce crayon sera là dans 10 ans
Je pense que ce crayon sera surement perdu avant d’être fini
Je suis sûr que ce crayon fait un bruit agaçant
Je me demande si ce crayon luit dans la nuit
Je parie que ce crayon aura maintenant une place à part
Je refuse que ce crayon finisse dans mon bazar
Je vois un crayon de couleur bleu foncé
Maxime P.
Je vois ces ciseaux qui cisaillent
Je sais qu’ils ne vivent pas, et ils restent là dans ma trousse
Je remarque qu’on ne peut les poser qu’à plat, ils ne tiennent pas debout
Je souligne qu’ils n’avantagent personne : ils ne sont ni pour gaucher ni pour droitier
J’ignore d’où ils viennent, où ont-ils été fabriqués, ont-ils voyagé ?
Je pense mais eux non.
Je suis sûr que je ne les garderai pas toute ma vie, mais où finiront-ils ?
Je me demande depuis combien de temps ils sont dans ma trousse
Je parie que je reconnaitrais leur bruit
Je refuse de les perdre où de les casser
Je vois ces ciseaux qui cisaillent
Marc
Je vois cet objet au fond de ma trousse depuis le début de l’année.
Je sais que cet objet m’a toujours aidé.
Je remarque qu’il se compose de deux nuances de bleu et de blanc.
Je souligne qu’il est différent.
J’ignore son origine.
Je pense qu’il m’a servi à tailler plusieurs mines.
Je suis sûr qu’il m’observe souvent.
Je me demande si cela va durer longtemps.
Je parie que ce taille-crayon vient de loin.
Je refuse de ne pas en prendre soin.
Je vois cet objet au fond de ma trousse depuis le début de l’année.
Jérémy
Je vois un crayon Z4 Roller Green
Je sais qu’il vient de Chine
Je remarque des rainures blanches sur son flanc
Je souligne quelques mots importants
J’ignore qui l’a fabriqué
Je pense que ce doit être un enfant dans une usine
Je suis sûr que ses couleurs grise et noire se marient bien ensemble
Je me demande où il sera dans vingt ans
Je parie que nous serons séparés
Je refuse de le perdre pour l’instant
Je vois un crayon Z4 Roller Green
Kevin
Je vois ce bout de bois : c’est toi.
Je sais bien que tu ne peux contempler que le reflet de mon écriture
Je remarque la petite mine de ta tige
Je souligne d’un trait fin cette phrase
J’ignore tout de toi
Je pense à cette gomme qui m’as permis d’effacer mes erreurs
Je suis sûr que tu t’en rappelles aussi
Je me demande si je vais te tailler
Je parie que tu ne veux pas
Je refuse de te perdre
Je vois ce bout de bois : c’est toi.
Damien
Je vois cet objet car il se trouve devant moi
Je sais qu’il est toujours dans ma trousse, par contre
Je remarque qu’il n’est pas toujours avec moi
Je souligne sa solitude
J’ignore son attitude
Je pense qu’il est à moi, fin
Je suis sûr qu’il m’appartient
Je me demande s’il va bien mais
Je parie qu’il se cache, donc
Je refuse de l’observer longtemps. Cependant
Je vois cet objet car il se trouve devant moi...
Anouch
Je vois cette gomme sur ma table
Je sais que les traces noires sur son corps font ressortir le noir de ma trousse
Je remarque qu’elle se sent usée
Je souligne l’odeur inopinée de cet objet
J’ignore si la partie bleue est jalouse de la partie rose
Je pense qu’elle permet de nous donner une deuxième chance
Je suis sûre qu’elle se sent effacée
Je me demande si elle se sent bien ou pas
Je parie que ses points noirs la font souffrir
Je refuse de croire qu’elle ne sert à rien
Je vois cette gomme sur ma table
Alizée