Quelques notes sur LIBRECOURT : au fil des questions
Lors de la remise du prix Librecourt, le vendredi 16 février 2007 à la salle de La Hune à Saint-Benoît, la lauréate, Sylvie Aymard a répondu aux questions du public. En voici quelques extraits.
Au sujet de l’écriture de son roman
Conditions pour écrire : Pour Sylvie Aymard, ce n’est ni la nuit ni le matin. Elle écrit trois heures par jour l’après-midi le plus souvent puis elle va chercher son enfant et parfois un peu plus tard. Elle écrit dans la bibliothèque tout en fumant ou alors dans un café enfumé.
Ses manies ? Elle fume en écrivant, roule ses cigarettes, et nettoie la table avec un chiffon pour enlever les brisures de tabac. Pour qu’elle écrive, il lui faut être dans une discipline et avoir le sens de l’effort soutenu, écrire dans l’urgence et puis laisser les mots venir. Ecrire comme une folle, puis écrire trois mots et jeter.
Comment s’est construit le roman ? L’écrivain passe son temps à détruire ce qu’il a écrit. Elle, elle utilise beaucoup de flash-backs pour donner des effets cinématographiques dans son écriture.
Le style fluide : elle a toujours eu ce style afin de rompre la monotonie et faire vivre le récit. S’il n’y a pas de style, il n’y a pas de livre.
Combien de temps a-t-elle pris pour écrire son roman ? Un an.
Les difficultés pour être publiée : elle a fait référence au livre Comment se faire éditer ? , petit livre qui renferme de précieux conseils. Elle a d’abord fait corriger son manuscrit par un correcteur, car les erreurs sont rédhibitoires. Ensuite, elle a envoyé son manuscrit. Puis elle a rencontré l’éditeur. Ce premier livre a été une expérience magique pour elle.
Bénéfice de l’auteur sur chaque livre vendu : environ 1 euro par livre. Elle a déjà vendu livres. Il ne faut pas publier à compte d’auteur —< c’est l’éditeur qui doit s’occuper de vous et vous d’écrire.
Songe-t-elle à une suite de son roman ? Non, elle pense en avoir fini avec cette histoire. L’éditeur y a pourtant songé, lui car il voyait que chaque personnage pouvait donner lieu à un autre roman.
Un mot pour résumer son livre ? « Courir »… « ne pas renoncer et croire en soi ».
Aurait-elle aimé lire son livre ? Oui. On aime les livres qu’on écrit sinon ils ne naissent pas.
Que lui inspire sa participation à ce prix littéraire ? Ce titre lui plaît, il l’incite à lire, à rencontrer les lecteurs.
Pense-t-elle à une adaptation de son livre en film ? Oui, mais elle aimerait participer à l’écriture du scénario pour ne pas se trahir.
De quoi parlera son prochain livre ? Elle ne peut rien dire dessus à part qu’il parle de l’enfance, des déchirures, des difficultés du monde contemporain.
Critiques
3 / 10 la FNAC ? C’est bizarre car elle était en tête de gondole, puis on parle d’elle, articles, radio, puis on est piétiné après. Il faut savoir si on cherche à briller ou à écrire.
Réactions aux critiques : Oui, mais elle sent de la pression car si le second livre n’est pas aussi bien accueilli que le premier ?
Peur du « bide » ? Non, dès qu’il est envoyé, publié car l’auteur n’est plus concerné. On revient toujours au problème : ce qu’on cherche c’est qu’on nous aime.
Personnages et thèmes de son roman
Quand le personnage principal bascule-t-il selon elle ? Ce personnage est en évolution constante, mais le moment où il rencontre Nathan, marque son départ du monde de l’enfance. L’amour est un thème porteur dans le livre mais il n’est pas développé car les gens heureux n’ont pas d’histoire.
Le personnage dépressif est-il un double de l’auteur ? Non. On se pose des questions, on ne comprend pas ce qui se passe, parfois on est mal. Ce sont les autres qui donnent souvent les clés.
Le bac : c’était une obsession car à son époque c’était le diplôme suprême. Son livre se veut une satire sociale, de ces gens qui dévoient la culture pour en humilier d’autres. D’ailleurs l’héroïne veut être bardée de diplômes pour réussir dans la vie alors que c’est aller vers les autres qui est important.
Son livre est-il une thérapie personnelle ? Non, mais on écrit toujours sur son secret. Attention au piège : ne pas confondre écriture et thérapie. D’où il faut écrire mais pas tout envoyer, garder et travailler le style, se demander si c’est intéressant, ne pas être trop égotiste. Jusqu’ici elle a écrit surtout des nouvelles. Elle écrit depuis l’âge de ans. Selon elle, il n’y a pas de beaux ou de vilains mots : tous les mots sont utiles.
Au sujet de l’auteure
Est-elle idéaliste ou réaliste ? Elle se qualifie plutôt de réaliste, ancrée dans le vie d’aujourd’hui, dans le ressenti. Être là, être soi.
Quelles études a-t-elle fait ? Elle a commencé par des études de lettres classiques puis elle a poursuivi aux Beaux Arts afin de terminer avec Histoire de l’art.
A-t-elle un autre métier que celui d’écrivain ? Si oui, lequel ? Elle est guide conférencière dans une abbaye à Cluny. Il est de toute façon difficile de vivre de sa plume.
Ses sentiments ? Elle est fière d’être parmi ces adolescents, d’avoir été lue par eux et appréciée.
Comment se sent-elle devant les adolescents ? Elle trouve que les enfants et les adolescents sont plus intéressants car ils s’avèrent plus directs dans leurs rapports avec les adultes.
Le beau, l’amour, le laid, le vice : Elle est contre toute violence. Il faut voter. Le vice est différent du mal. L’auteur n’est pas là pour donner des leçon, des suggestions mais pour montrer que le monde est dur, laid et difficile.
Rapport à l’écriture
Conseils pour écrire : Il faut écrire car on ne peut pas tout dire, même écrire pour soi seulement, sans penser à être publié. Il faut également lire, sinon on ne peut pas écrire. Il faut naître à l’écriture car on n’écrit sur le secret. Ecrivain est une profession comme une autre mais assez solitaire cependant. Il faut enfin garder un fil conducteur et s’enfoncer dans l’écriture, son style, ses mots.
Lectures du moment : plusieurs en même temps, certains livres lui tombent des mains, d’autres sont passionnants. Ex : L’Elégance du hérisson (édition Gallimard)
Ethique de l’auteur aujourd’hui ?
Quel style d’écriture aime-t-elle ?
L’auteur qui l’inspire est Louis-Ferdinand Céline, qui a réinventé à l’oral à l’écrit.
Un conseil de lecture ? Lire Echenoz et Céline.
Et pour finir, une phrase qui lui tient à cœur :
« La seule force, la seule valeur humaine c’est d’être aimé ».